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Je dis vague

25 juin 2008

De mon incapacité d'écrire

Une balançoire sommaire accrochée au cerisier en fleurs : deux cordes vertes, un siège de vieux métal au vernis rouge écaillé.

Comme souvent, je suis assise sur la balançoire dans le jardin de mes grands-parents, cherchant sous le cerisier un peu d'ombre, car le soleil est écrasant au milieu de l'après-midi.

J'ai sept ou huit ans et, bercée par le lent va-et-vient, les mains accrochées aux cordes, je suis dans mes pensées. Je pense à tout et à rien, et au milieu du tout et du rien une phrase surgit, aux jolies sonorités et aux mots naïfs et doux, une phrase qui en appelle une autre, qui rime et à laquelle s'enchaînent les suivantes, qui riment également. Alors je saute de ma balançoire et je cours chercher du papier et un stylo, et je transcris fébrilement ce qui me vient, il m'est facile de trouver des rimes et les phrases coulent avec naturel.

Quand j'ai mis le point final à ma chanson, ravie, je l'apporte en courant à ma mère. Essoufflée, j'arrive auprès d'elle et lui tends fièrement mon bout de papier, maman, j'ai écrit une chanson, et, souriante jusqu'aux oreilles, j'attends les félicitations.

Des hurlements. Elle me hurle dessus. Plus précisément, elle gueule, elle m'engueule comme une merde. "Espèce de menteuse, ce n'est pas toi qui l'as écrit!" Je fonds en larmes, entre deux sanglots je proteste. Elle maintient. "Arrête de mentir, tu n'as pas écrit ça!".

Depuis, je l'accuse de mon incapacité d'écrire.

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24 juin 2008

Personne ne vient sur ce blog.

Même pas moi.

Mais ça va changer, nom d'une couille.

J'abandonne pas comme ça, moi.

Non mais.

9 juin 2008

J'ai déjà trop peur

Parfois, je ressens de la solitude.

Une solitude sans vide, une solitude peuplée de ce qui reste à accomplir et de ce qu'il y a à perdre : une solitude d'attentes, de frustrations, de crainte.

Et j'ai le sentiment que dans la solitude je touche du doigt une forme de vérité, j'effleure la fragilité des choses. J'agrippe l'évanescence qui m'entoure, je compte sur mes doigts.

Je compte les gens qui m'aiment, ils sont peu, sont-ils même? Je compte les secondes, il s'en faut de quelques secondes pour tout perdre. Une, deux. Tout.

Dans la solitude, je vois l'avenir, il sera tel que je veux l'accomplir, ou ne sera pas. J'aime me promettre des chimères, elles me tiennent en éveil, car il est trop tôt pour voir que la vie n'a aucun sens. Beaucoup trop tôt, je veux l'aveuglement, encore. Parce que j'ai déjà trop peur.

Un post de pré-ado en pleine crise existentielle, tout ça.

3 juin 2008

Plan de carrière

Note à moi-même.

Dans un futur proche :

Faire l'ENA ou me faire un ENArque.

Ardu.

Courage.

28 mai 2008

Un jour, j'ai écrit ça.

Un jour, j'ai écrit ça.
Je n'écris de "poésie" que dans un état de détresse proche de la perdition.
De malheur.
Je n'ai pas écrit de "poésie" depuis longtemps.
Alors de quoi je me plains?


La spirale infernale
Des mots puis du silence
De l'intolérable absence
De tes mains de ton souffle
Des saccades
Les larmes aux yeux le sourire aux lèvres
Non
Sans jalousie
Non
Sans conséquence
Les mots dans l'oubli et les sourires à l'autre
Tout est simple sans assumer
Les errances
Les balbutiements d'une liberté facile
Fragile
Et la spirale du temps du monde
A la rencontre de nos lèvres
La douce concupiscente fièvre
Et ton coeur qui ne s'emballera
Jamais
Sans conséquences, sans attentes
Et mon coeur qui ne sait
Rien
Que les jeux insolents et le déni
Des règles
Quand au crépuscule des mots ne reste que
Le mal, le mâle, le râle
La spirale infernale.

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25 mai 2008

Je n'aime pas pleurer en public

Il paraît que j'exprime peu mes sentiments. Qu'on ne peut pas lire en moi.

Quand j'entends ça, je ne peux pas m'empêcher de sourire.
Je rougis pour un rien, je bafouille pour pas grand-chose, je tremble pour peu, mais à part ça,...

En quelque sorte, c'est vrai.

Trash, hard, gore, je ne sourcille pas. Je n'aime pas pleurer en public. Montrer mes sentiments, c'est une impudeur à laquelle je ne me risque pas.

Mais certaines choses me font pleurer à chaque fois. Une en particulier, une qui surpasse Jeff Buckley, la mort de Mufasa et les histoires de couples qui vieillissent ensemble.

Une chose, c'est sa voix, au bout du fil. Qui devient enfantine, qui se met à trembler, qui finalement parvient à articuler, suppliante :

"Tu reviens, dis?"

20 mai 2008

Mains nues

J'ai haï.

Tracé des sillons, creusé la peau. Frappé. J'ai empoigné ses cheveux, je l'ai plaqué au sol. J'ai bloqué ses poignets. Repoussé ses lèvres.

Et je ne me sens pas mieux.

Envie de blesser avec des mots. Froids, cinglants. Envie de couper le souffle, de faire souffrir et faire comprendre.

Juste pour voir, peut-être.

15 mai 2008

Comptes de fée

Shampoing-coupe-balayage : 95€

Pâte exfoliante pour le visage aux amandes pilées et à la lavande : 10€

Masque purifiant visage aux ingrédients inavouables (mais dont la plupart seraient d'une réelle valeur ajoutée dans une vinaigrette) : 10€

Renouvellement partiel de garde-robe :
- hauts : 65€
- bas : 39€
- chaussures : 79€

Se regarder dans un miroir et se dire "oh putain, mais je suis baisable", ça a un prix.
Pour tout le reste, il y a les crédits à la consommation.

7 mai 2008

Retour

1/ En arrière :
2/ Sur mes hésitations :

Elle est quand même jolie, cette bague.

6 mai 2008

Moi ?

Allez, peut-être un petit pincement au coeur. Pas grand-chose.

On dit parfois qu'on ne peut pas manquer des choses qu'on ne connaît pas, mais peut-être que c'est faux. Faux, et que ce à côté de quoi on passe semble avoir plus de saveur. Le coup de l'herbe du voisin, là.

Mais tant de choses ne me ressemblent pas. Même la personne que j'ai envie d'être ne me ressemble pas. Une fois, j'ai décidé d'arrêter de réfléchir, et j'ai fait mes valises, j'ai tout abandonné. Tiens, ça aussi ça ne me ressemblait pas. J'ai eu de la chance cette fois-là, alors je me dis qu'il faut que j'arrête de pousser.

En plus c'est pas avec ma tronche que je vais m'en sortir toute seule dans le méchant monde. Tout à l'heure, j'ai aperçu mon reflet dans une vitrine : je me suis fait peur, il faut le faire. Souvent me traverse l'esprit l'idée que, bonne à rien, ma place est probablement sous un pont. Souvent j'exagère oui.

Mais les faits sont là : je flippe un peu. J'aurais... "peur de m'engager"? Moi?

29 avril 2008

Ex(utoire)s

Quand je me suis retrouvée seule dans l'appartement, j'ai perdu toute dignité.

Pas que je me sois mise à fouiller. Il n'y en avait pas besoin. Je me sentais continuellement agressée. Le moindre objet me rappelait... rien, justement, et donc potentiellement tout. Les souvenirs ennemis n°1 étaient ceux de son ex, enfin de la fille avec qui il couchait (juste) avant et même un peu pendant. D'elle, j'ai retrouvé un t-shirt à côté du canapé. J'ai à la fois du mal et trop de facilité à me représenter comment on peut oublier son t-shirt. J'ai hésité quelques jours. Puis, dans un geste exutoire et vengeur, je l'ai jeté. Elle avait qu'à pas faire trois tailles de moins que moi, merde.

Et parce que mademoiselle avait des allergies fichtrement pointues, dans la cuisine il y a toujours des farines étranges et des grains de quinoa qui me toisent comme de la farine peut vous toiser (croyez-moi, c'est d'une violence...).

Cette charmante personne avait aussi de touchantes manies. Quand, presque hilare, j'avais demandé à quoi pouvait bien nous avancer d'avoir un gel douche au citron bio, j'ai été paralysée par un nonchalant "Ah, c'est parce que L... le veut". Ca sonnait douloureusement comme un "parce que Dieu le veut", et d'ailleurs, même sans référence religieuse, ça sonnait douloureusement. Qu'elle ait pu avoir de l'influence sur l'achat du gel douche, c'était déjà trop. En plus, il ne moussait même pas son gel douche pourri là.

La démesure de ma paranoïa en a vraiment eu pour son argent le jour où il nous a confondues. L'acme, l'apothéose, le bouquet final. La gerbe pour deux jours et les dents qui grincent. Je suis physiologiquement incapable de supporter ça, je crois.

Longtemps aussi, j'ai eu des accès de panique quand je croyais l'apercevoir, partout, tout le temps, dans la rue, le métro. Je me sentais encerclée par cette fille, son prénom me donnait des frissons, son évocation me donnait la nausée.

Sa brosse à dents est restée longtemps dans la salle de bains. J'avais le sentiment qu'un t-shirt, c'était déjà pas mal, et que ce n'était peut-être pas à moi de faire tout disparaître. En fait, ce n'était qu'un test. Ma patience. Mise à rude, rude épreuve.

La dernière fois que j'ai vu cette brosse à dents, il raclait le fond d'une casserole avec. Du chemin.

Mon amour, toi qui ne liras heureusement/je l'espère jamais ce texte, pardon. Pardon d'être complètement dérangée. Pardon d'être possessive, maladivement jalouse. Pardon pour cette relation libre dont on avait parlé au début, là, et que j'ai pas su supporter.

Mais pas pardon pour le t-shirt, en plus il était moche.

28 avril 2008

Peut-être

C’était une fin de jour ouvrable, au moment où le soleil pâle offre aux âmes vides un court répit avant que la nuit ne s’empare du temps et des esprits fatigués. L’air était dense et un peu sale, alourdi de toutes les particules de crasse chahutées dans le mouvement incessant des corps véloces, soulevées par les talons aiguille creusant infimement le béton à chaque pas, charriées par les tissus gris et rêches de costumes impeccablement coupés,  de tailleurs cintrés, de vestes longues frôlant le sol et jouant avec l’air en volutes bouleversées. Le mouvement cependant s’était arrêté, progressivement, comme une image qui passerait de l’accéléré au ralenti. Régnait une lueur d’un jaune pâle, qui aggressait de côté chaque corps, chaque objet, pour prolonger sur le sol poussiéreux sa silhouette en ombres longues et pâles aux contours mal définis.

Ils étaient assis, dans l’aura en dégradé de leurs ombres respectives, le visage presque effacé dans les rayons de soleil trop clairs qui traversaient la vitrine du café. Les berçait un murmure de conversations étouffées dans la lourdeur de l’atmosphère viciée. Ils ne se regardaient pas, assis de part et d’autre de la table bancale, dans la même direction, savourant dans un silence évanescent les secondes qui s’égrénaient, souhaitant ardemment dire l’essentiel et, n’y parvenant pas durant ces minutes précieuses coupablement collectionnées, lui préférant la douceur du silence tacitement consenti.

Ils sentaient le temps avancer inéluctablement, se diriger presque sadiquement vers la fin de leur promiscuité légère et pressée. Ce moment de demi-mort où, dans des gestes lents et douloureux, ils allaient endosser à nouveau leur élégant manteau et avec lui leur rôle trop de fois incarné, leur pesant masque de responsabilités courageusement affrontées, leurs réflexes conditionnés par des années de gestes répétés à l’identique et de routine lancinante. Alors leurs mains s’effleureraient, ils se diraient au revoir d’un battement de paupières et d’un sourire impuissant, se tourneraient vivement le dos et partiraient dans leurs directions respectives, leur démarche d’abord hésistante s’affirmant au fur et à mesure qu’ils reprenaient leur rôle officiel de conjoint parfait, qui n’abandonne pas, qui ne s’abandonne pas.

Et dans ce temps douloureusement volé à la fatalité, les deux silhouettes silencieuses et immobiles pensaient à ce futur trop proche, histoire de quelques minutes, et elles ne pensaient à rien. C’était trop douloureux. Mais tous deux le savaient, les digues de leur résignation étaient sur le point de rompre. Ce n’était peut-être qu’une question de jours, d’heures…de secondes ? Alors arriverait cet instant fragile où l’un d’entre eux, trahi par un tremblement léger et subit, se raclerait la gorge pour masquer son trouble, et, d’une voix blanche, qui déraillerait un peu, prononcerait ces quelques mots : « peut-être… ». Il ne finirait pas sa phrase, à la fois parce que les mots resteraient bloqués dans sa gorge devenue d’un coup terriblement sèche, et parce que ça serait, après tout, inutile. L’autre aurait compris. Et à partir de ce moment, il y aurait quelque chose de nouveau et d’indescriptible dans l’air, quelque chose de léger et de chantant, comme une musique de commencement.

22 avril 2008

En trop

Je suis en reconquête de mon apparence.

Encore un peu de courage, et j'arrêterai de fuir. Fuir, c'est me retrancher derrière l'affirmation de ma laideur et mon impuissance. Arrêter de fuir, ça sera long.

Pour l'instant, j'en suis à me poster devant le miroir, à me regarder au lieu de me voir.

Et tenter un portrait objectif.


Je ne suis manifestement pas laide. Mais évidemment pas belle.

Quelque chose ne va pas. Une instabilité dans l'harmonie, un peut mieux faire latent. Rien de dramatique, pour être honnête. Mais il y a quelque chose. Et rien. Rien de particulier, rien d'attirant, rien à mettre en valeur. Triste condition que la banalité.

Je porte sur moi la preuve de mon absence de maîtrise. Quelque chose, sous ma peau, me dépasse et montre ma faiblesse. Ma faiblesse perturbe mon visage et déforme mon corps, ruine d'hypothétiques potentialités.

Et ça, c'est moche.

20 avril 2008

Pas vraiment

Je ne sais pas vraiment.

Si ma mère est méchante parce qu'elle est con.

Ou si elle est con parce qu'elle est méchante.

Je penche pour la deuxième.

16 avril 2008

(re)commencer

La chaleur de la terrasse couverte était enveloppante, un peu lourde, l'atmosphère orangée.

Un jour hors du temps et l'envie que ça dure. L'exceptionnel est savoureux.

Il parle et ses yeux pétillent, le temps se distille par gouttes, il s'offre à nous. Il parle et comme moi, il est soulagé, comme moi il est heureux.

Les coudes sur la table et la tête dans les mains, je l'écoute, je le scrute, j'aime le découvrir et j'aime l'aimer.

Il parle et ses mots m'évoquent des choses, des images, une succession de flashes. Je vois ma courte vie défiler et je me vide et je m'emplis, je ne suis plus et je suis à nouveau, j'ai envie de pleurer.

J'ai envie de lui dire que je suis fragile et que j'ai besoin de lui, que je ne suis plus qu'à moi-même et que ça me fait peur, j'ai envie de lui dire combien je l'aime. J'ai envie de me blottir contre lui et d'oublier la force, le temps qu'on nous vole et les hésitations.

Ni tristesse ni regret, je suis à fleur de peau. Je me sens nue.

Ses yeux pétillent et des miens s'échappent de grosses larmes rondes et claires, des larmes d'enfant, des larmes sans retenue, des larmes d'abandon et de peur qui dissolvent mon armure et s'échouent sur mon sourire désolé.

Des sanglots.

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