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Je dis vague
15 avril 2008

Comme un vide

Tout ça s'est terminé en fin de matinée dans le bureau du juge.

Tout ça.

Tout ça a commencé il y a plus de quatre ans maintenant, et à ce moment, les jeunes nigauds que nous étions n'imaginaient pas que ça finirait de cette façon en passant par ce par quoi c'est passé.

Les deux jeunes nigauds que nous étions avaient des tonnes de rêves dans la tête et s'aimaient très fort. Et des emmerdes, on en a eu, et des moments magiques, on en a eu.

Puis il y a eu ce moment étrange que je n'ai pas encore pleinement compris, qui commence au moment où j'enfile ma belle robe et qui se termine il y a quelques heures.

Le soulagement, la joie, les larmes.

J'ai vu cet être si grand et si fragile. J'ai reconnu son odeur, je n'ai pas examiné ses traits encore si familiers, je n'ai pas tenu sa main étrangère. Je l'ai vu et j'ai vu toute la faiblesse derrière la large carrure, j'ai senti les fatigues et les brisures, j'ai eu envie de le materner et de l'oublier à la fois. On a parlé, et on a pas été d'accord, comme d'habitude. Mais on ne s'est plus battu, à quoi bon.

Et dans Paris même nous avions des souvenirs et dans chaque petite chose et dans chaque geste. Et dans la salle d'attente du tribunal nous nous sommes assis côte à côte, puis dehors nous avons cheminé côte à côte sans se regarder, puis nous nous sommes séparés avec l'air désabusé de ceux qui ne connaissent pas le cérémonial des moments solennels. Il a fait bonne figure et il s'est laissé porter, je ne l'ai pas reconnu tout en le connaissant par coeur.

Et les mots ont pesé lourd, ces mots incantatoires qui lient ou qui séparent. Comme l'autre jour, avec la belle robe : le souffle court, quelques secondes de flottement, on entre dans un autre soi-même, les épaules s'allègent ou s'alourdissent, on ne sait pas trop.

L'impression, cette fois encore, d'une autre temporalité, de n'être ni de mon âge ni de celui des autres.

Le souffle court. Comme un vide. Va falloir faire avec, ou sans.

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Commentaires
V
Oui, absurde est le mot.<br /> Mais pas inutile, je crois.<br /> Merci de ton passage.
I
Parfois, la vie est plus que dure; elle est absurde.<br /> Ce que tu racontes m'y fait penser.
Je dis vague
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