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Je dis vague
29 avril 2008

Ex(utoire)s

Quand je me suis retrouvée seule dans l'appartement, j'ai perdu toute dignité.

Pas que je me sois mise à fouiller. Il n'y en avait pas besoin. Je me sentais continuellement agressée. Le moindre objet me rappelait... rien, justement, et donc potentiellement tout. Les souvenirs ennemis n°1 étaient ceux de son ex, enfin de la fille avec qui il couchait (juste) avant et même un peu pendant. D'elle, j'ai retrouvé un t-shirt à côté du canapé. J'ai à la fois du mal et trop de facilité à me représenter comment on peut oublier son t-shirt. J'ai hésité quelques jours. Puis, dans un geste exutoire et vengeur, je l'ai jeté. Elle avait qu'à pas faire trois tailles de moins que moi, merde.

Et parce que mademoiselle avait des allergies fichtrement pointues, dans la cuisine il y a toujours des farines étranges et des grains de quinoa qui me toisent comme de la farine peut vous toiser (croyez-moi, c'est d'une violence...).

Cette charmante personne avait aussi de touchantes manies. Quand, presque hilare, j'avais demandé à quoi pouvait bien nous avancer d'avoir un gel douche au citron bio, j'ai été paralysée par un nonchalant "Ah, c'est parce que L... le veut". Ca sonnait douloureusement comme un "parce que Dieu le veut", et d'ailleurs, même sans référence religieuse, ça sonnait douloureusement. Qu'elle ait pu avoir de l'influence sur l'achat du gel douche, c'était déjà trop. En plus, il ne moussait même pas son gel douche pourri là.

La démesure de ma paranoïa en a vraiment eu pour son argent le jour où il nous a confondues. L'acme, l'apothéose, le bouquet final. La gerbe pour deux jours et les dents qui grincent. Je suis physiologiquement incapable de supporter ça, je crois.

Longtemps aussi, j'ai eu des accès de panique quand je croyais l'apercevoir, partout, tout le temps, dans la rue, le métro. Je me sentais encerclée par cette fille, son prénom me donnait des frissons, son évocation me donnait la nausée.

Sa brosse à dents est restée longtemps dans la salle de bains. J'avais le sentiment qu'un t-shirt, c'était déjà pas mal, et que ce n'était peut-être pas à moi de faire tout disparaître. En fait, ce n'était qu'un test. Ma patience. Mise à rude, rude épreuve.

La dernière fois que j'ai vu cette brosse à dents, il raclait le fond d'une casserole avec. Du chemin.

Mon amour, toi qui ne liras heureusement/je l'espère jamais ce texte, pardon. Pardon d'être complètement dérangée. Pardon d'être possessive, maladivement jalouse. Pardon pour cette relation libre dont on avait parlé au début, là, et que j'ai pas su supporter.

Mais pas pardon pour le t-shirt, en plus il était moche.

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Commentaires
V
J'avoue que c'est ce que je recherche... tu m'en vois donc ravie.<br /> Merci de ton passage, à bientôt j'espère.
N
J'aime bien comment tu écris.<br /> j'ai pu tout visualisé.<br /> les pièces. La brosse à dents. Et le t-shirt bien sûr...<br /> <br /> Bises
Je dis vague
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